Interview avec Léo Schwechlen (Tours FC) : « Je ne veux pas répéter mes erreurs passées »


Nous avons rencontré Léo, jeune défenseur central évoluant au Tours FC, il a répondu à nos questions sur son statut, son passé mais évoque aussi son avenir personnel. Interview complète :

Bonjour Léo Schwechlen et merci d’avoir accepté cette interview ! Avant toute chose, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Bonjour, je m’appelle Léo Schwechlen, j’ai 25 ans, j’ai grandi à Besançon. J’ai commencé à jouer au foot à l’âge de 6 ans dans le club du RC Besançon et je joue défenseur central.

A 14 ans, tu participes à la Coupe Nationale avec la sélection de Franche-Comté à Clairefontaine, et c’est là que tu es repéré par de grands clubs de Ligue 1…

Oui, j’ai bénéficié des blessures de plusieurs joueurs de Sochaux notamment, qui m’ont permis de jouer souvent et de me montrer. Et cette compétition m’a en fait permis d’être sélectionné pour jouer en équipe de France des -16 ans, tout en jouant toujours à Besançon, et c’est là que les centres de formation comme Monaco, Sochaux, Marseille ou Lyon se sont fortement intéressés à moi.

Pourquoi avoir choisi l’AS Monaco ?

En équipe de France de jeunes, il y avait beaucoup de joueurs de l’ASM qui m’ont dit du bien de ce centre de formation. L’avantage aussi, était que le club, malgré mon âge, m’intégrait directement en U18 alors qu’avec les autres clubs, j’aurais dû passer par les moins de 16 ans. Et ma visite de la ville de Monaco et des infrastructures du club ont fini de me convaincre de signer là-bas.

Malheureusement, en 7 ans dans ce club, tu n’as joué qu’en équipe réserve, car tu n’as pas réussi à t’imposer pour intégrer l’équipe A malgré les changements fréquents d’entraineurs qui auraient pu miser sur des jeunes tels que toi. Est-ce une déception pour toi ? Comment expliques-tu ces difficultés ?

Oui, les quelques fois où j’allais m’entrainer avec les pros j’avais du mal à m’imposer car j’étais plutôt du genre à ne pas vouloir leur marcher sur les pieds car impressionné et respectueux. De plus, j’ai été plusieurs fois blessé au ménisque, et l’année où mon contrat est passé professionnel, je me suis à nouveau blessé au genou. Et malheureusement, mon cartilage à mal réagi suite à l’opération, j’ai donc été réintégré à la réserve après m’être remis de ma blessure. Il me restait alors un an de contrat, mais les dirigeants et moi avons décidé de mettre fin à mon contrat à l’amiable.

Et c’est donc à l’été 2011 que tu rejoins ton club actuel, le Tours FC. Pourquoi avoir choisi ce club ?

Oui, il y avait Arles-Avignon qui était intéressé, ainsi que Istres. Mais j’avais suivi les prestations de cette équipe à l’époque de Koscielny et Giroud et j’en avais entendu du bien, que c’était un club sain, plutôt bien suivi par les supporters et avec un potentiel et un niveau intéressant. Et l’entraineur de l’époque, Peter Zeidler, m’avait parlé de ses ambitions et du projet du club, qui était compétitif à ce moment-là, donc j’étais vraiment très intéressé.

Avec Tours, tu en es à 120 matchs pour 1 but, tu as été vraiment titulaire indiscutable dès ton arrivée. Comment expliques-tu cette régularité ?

Dès ma première saison, j’ai eu la chance de profiter des suspensions et des blessures de plusieurs joueurs qui jouaient à mon poste, donc j’ai eu l’opportunité de jouer, ce qui était important pour moi à cette période-là. En effet, j’ai pu enchainer les matchs pour gagner en confiance et prendre un certain rythme. Et j’en suis fier car je ne voulais pas répéter mes erreurs passées et laisser passer ma chance, mais faire en sorte de m’imposer et que le club me fasse confiance.

On t’a même souvent comparé à Laurent Koscielny qui est passé au club entre 2007 et 2009. Il est ensuite passé par Lorient et maintenant Arsenal. C’est un parcours qui fait rêver ?

Oui, évidemment ! Il a un très beau parcours, il a apporté énormément au club et c’est allé très vite pour lui. Aujourd’hui, c’est un top joueur français aujourd’hui, qui est régulièrement convoqué en équipe de France, et j’aime beaucoup le voir jouer.

Est-ce que tu t’identifies un petit peu à son jeu ?

Oui parce qu’il joue beaucoup dans l’anticipation, et j’aime bien aussi anticiper. Par contre lui il a un plus, c’est qu’il marque pas mal de buts, et c’est vraiment quelque chose que j’aimerais acquérir mais en tant que défenseur, je me concentre d’abord à bien défendre.

A titre personnel, comment vas-tu depuis ta fracture de la clavicule face à Saint-Etienne en Coupe de France le 21 janvier dernier ?

Bien, l’opération s’est bien passée, la clavicule se consolide plutôt bien. J’ai repris la course aujourd’hui (le 16 février, ndlr.), donc ça avance bien, j’espère rejouer le plus rapidement possible.

Au lendemain de ta blessure, la durée de ton indisponibilité était d’ailleurs estimée à 2 mois. Ce délai est-il toujours d’actualité, auras-tu de l’avance ou du retard ?

Du retard, je ne pense pas. Par contre, j’aurai peut-être un petit peu d’avance, plutôt 5-6 semaines que les 8 semaines initialement prévues (soit un retour potentiel à la compétition mi-mars, ndlr.). Après je ne vais pas me précipiter, mais j’aurai la chance de pouvoir terminer la saison et tout faire pour maintenir le club en Ligue 2.

Vous avez réalisé une première moitié de saison compliquée avec 24 points à l’heure où l’on parle, mais la dynamique est malgré tout plutôt positive depuis quelques temps, quels sont les objectifs pour la fin de saison ?

C’est vrai qu’en première partie de saison, on nous avait complètement enterrés, et à juste titre. Mais après ce match de Coupe de France à priori anecdotique contre une équipe de DH, mais que l’on devait de toute façon gagner (victoire 2-0 contre l’USM Saran le 16/11/2014, ndlr.), on a retrouvé de la confiance, on a même enchainé 7 matchs sans défaite, ce qui nous a permis de nous rapprocher des équipes devant nous qui avaient pourtant pris pas mal d’avance. Mais dernièrement, on a eu un petit peu le contre coup du match contre l’ASSE, avec quelques blessures en plus qui font qu’on a de nouveau un peu plus de mal. Après, il faut être optimiste, on vise d’abord le maintien, mais on veut vite retrouver le groupe entier pour retrouver cette bonne dynamique qu’on avait et rééditer les bonnes performances qu’on a pu faire par le passé.

Si l’on s’intéresse plus à ton avenir personnel, l’été prochain cela fera 4 ans que tu seras là, tu seras en fin de contrat. Tous les gens qui te suivent un petit peu, les supporters, veulent donc savoir une chose : vas-tu prolonger ton contrat avec le Tours FC ou essayer de découvrir un autre club, pourquoi pas en Ligue 1 ou à l’étranger ?

Oui, c’est vrai qu’on rêve toujours de jouer le plus haut possible dans une carrière, et évidemment que je rêve de retrouver la Ligue 1, après on verra comment se termine la saison, si on arrive à maintenir Tours en Ligue 2, ce serait déjà une bonne chose. Aujourd’hui, vu la situation actuelle du club c’est difficile de discuter d’une prolongation avec les dirigeants, et je serai ravi de recevoir une proposition intéressante venant d’un plus grand club que le TFC. Mais on verra, si Tours me fait une proposition et que le projet pour l’an prochain est intéressant, je serais très content de prolonger l’aventure ici parce que je m’y sens très bien.

Finalement ton avenir au Tours FC dépendra du destin du club en cette fin de saison…

Voilà. C’est vrai que pour l’instant on n’en a pas trop parlé parce que la situation fait qu’on ne peut pas se permettre de discuter de ça.

Justement, que représente le Tours FC pour toi ?

C’est un club qui m’a permis de montrer de quoi j’étais capable, de pouvoir m’épanouir dans le monde professionnel. Donc c’est un club à qui je dois beaucoup, que je respecte énormément et dans lequel je me sens vraiment bien, que ce soit avec les joueurs, le staff, les dirigeants…

Que penses-tu du mercato que vient de réaliser le club avec notamment l’arrivée des attaquants Nanizayamo et Andy Delort qui revient pour compenser le départ de Youssef Adnane à Brest ?

On ne peut que se réjouir du retour d’Andy, par rapport à sa saison de l’année dernière, et on a la chance qu’il ne puisse être prêté qu’à Tours, donc on espère qu’il va vite planter des buts pour nous aider à vite regagner des marches dans le classement. Concernant « Nani », je ne le connaissais pas, mais son profil est intéressant, notamment par son jeu de tête et son physique, il peut nous apporter au niveau aérien et dans les déviations qu’on n’avait pas avec Youssef Adnane, donc ce sera à lui de montrer de quoi il est capable.

A titre personnel, tes performances ne sont pas passées inaperçues puisque tu as été sélectionné en équipe de France des -16, -17, -18 et -20 ans. Pour toi l’ambition, c’est d’être appelé en équipe de France A pour la première fois bientôt ? Une sélection pour l’EURO 2016 est-elle un objectif ?

(Rires). Nan, ce n’est pas un objectif, un rêve évidemment car j’y pense depuis que je joue au foot, mais en parler comme d’un objectif, ce serait osé sachant que je joue le maintien avec Tours mais ça s’arrête là. Ce serait un rêve…

Concernant l’actualité foot du moment, tu sais que la Côte d’Ivoire a gagné la CAN en Guinée Equatoriale. Tu as suivi un petit peu la compétition ?

Je n’ai pas pu voir les matchs en entier, mais j’ai suivi les résultats et les résumés. Hervé Renard a fait un gros travail, il a toujours laissé de bons souvenirs là où il est passé donc respect à lui.

Il y a quelques temps, nous avions réalisé une interview avec ton ancien gardien à Tours, Benjamin Leroy. Tu suis un peu sa progression avec Evian, lui qui est de plus en plus titulaire ? As-tu un petit message à lui faire passer ?

Je veux juste lui dire de confirmer ce qu’il est en train de faire car ce n’est pas évident de s’imposer dans un club en difficulté. Il a su saisir sa chance, réaliser de belles performances, notamment contre Paris. Et c’est tant mieux parce qu’en plus le club va mieux en ce moment, donc je lui souhaite vraiment de continuer sur cette lancée, ne pas baisser le rythme et confirmer ce qu’il est en train de faire.

Nous allons également interviewer Christian Kouakou dans un mois, que penses-tu de lui, son niveau ?

Il enlevait son plâtre aujourd’hui, donc j’espère que sa cheville va bien se réparer, qu’il va vite revenir pour nous apporter sa vivacité et sa capacité à déstabiliser les défenses adverses.

Les supporters sont plutôt présents malgré les difficultés de l’équipe en Ligue 2 et le changement d’entraineur (avec pour preuve le guichet fermé contre l’ASSE notamment). Un petit message à leur adresser ?

Je voudrais les remercier de leur soutien, car ce n’est pas évident de soutenir un club qui a des difficultés comme nous aujourd’hui. Cela nous fait énormément de bien de sentir qu’on est soutenu quand on est sur le terrain, car on ne s’en rend peut-être pas compte mais cela a vraiment un impact quand on sent le public qui nous pousse. Donc je voudrais leur dire un grand merci et qu’ils continuent à ne pas lâcher car nous, on ne lâchera pas.

Pour les jeunes footballeurs qui te suivent dans ta montée en puissance, si tu pouvais leur donner un conseil pour qu’il réussisse, lequel serait-il ?

Comme je l’ai un petit peu vécu, qu’ils ne soient pas déstabilisés du fait qu’ils se sentent moins rapide, technique ou physique qu’un copain car je n’étais pas le meilleur, mais par l’acharnement et la détermination, on peut franchir des caps et atteindre un bon niveau. Il faut garder confiance, garder l’envie de s’entrainer et de taper dans le ballon, garder cette rage de vaincre car quand t’es jeune il ne faut pas lâcher. Par exemple quand j’étais à Monaco, j’étais avec Valère Germain qui a joué un petit peu tous les postes, et quand il s’est retrouvé attaquant il a cartonné. Donc il faut s’accrocher, avoir envie et prendre du plaisir à jouer au ballon

Quel est ton meilleur souvenir en tant que footballeur, que ce soit dans ton parcours junior ou pro ?

Lors de ma première sélection en équipe de France avec les U16, quand tu entends l’hymne nationale c’est vraiment très fort. Ça te fait quelque chose à chaque fois, mais la première fois tu te rends vraiment compte que tu représentes ton pays, même si c’était avec les jeunes. Sinon, récemment c’est vrai que le match en Coupe de France contre Saint-Etienne était vraiment très fort émotionnellement, en plus, en 4 ans à Tours je n’avais jamais vu le stade aussi plein, donc c’était très fort.

BONUS :

Si tu étais un joueur : Lionel Messi, pour moi c’est le meilleur…

Si tu étais un entraineur : Pep Guardiola.

Si tu étais un stade : Le Camp Nou, mon préféré.

Si tu étais un championnat : La Liga car je suis le Barça donc c’est le championnat que je regarde beaucoup.

Si tu étais une phrase, expression : La vie n’est pas un long fleuve tranquille…

Interview téléphonique réalisée par Thibault Parenteau le 16/02/2015

À propos de thibaultparenteau37

Fan de foot et du sport en général, rédacteur pour Le RDV des Supporters. https://twitter.com/TitiParenteau

Publié le 19 février 2015, dans Interview, et tagué , , , . Bookmarquez ce permalien. Poster un commentaire.

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